CYMOTHOA EXIGUA / OBSERVER / ÉCLIPSE / DÉSAFFECTION / PARASITE / (suite...)

Observer. S’efforcer d’effacer l’idée du sol dans le sol, l’idée de l’arbre dans l’arbre, du ciel dans le ciel. Abolir les échelles de valeurs entre les choses afin qu’elles ne règlent plus la perception en un système.

Autour de soi des informations. Beaucoup trop. Désorienter l’attention pour qu’elle n’atteigne pas les publicités, les kebabs harissa sauce blanche, les passants. Préférer les espaces vides. Dériver indéfiniment. Accepter que l’on puisse considérer avec la même empathie une voiture, un mégot, un groupe d’enfants même si c’est immoral. Mêler enfin la courbe d’une gouttière avec le coin d’un escalier par-dessous l’aiguille d’un talon dans le vrombissement d’une moto. Espérer de ces rencontres la naissance de nouvelles significations. S’asseoir enfin, car à force d’exercice on ne sait plus bien comment marcher. Ne plus même savoir comment lasser ses propres chaussures pourvu qu’il n’y ait plus rien au monde, qu’ absolument tout puisse être réinventé.

Observer. Laisser circuler les lieux d’où l’on vient dans le berceau du lieu ou l’on est. Ne pas croire que cela est biographique pour autant. Indifférencier l’arbre que l’on voit ici maintenant pour que les arbres d’autrefois puissent remonter à la surface. Ne pas croire que cela est introspectif pour autant. Permettre aux platanes de la place des terreaux, à l’abricotier de la rue des Doradores, au cerisier du jardin de cohabiter les uns dans les autres sur un même temps. Ne pas croire que ce qui est pris du passé nous appartient pour autant. Égorger au contraire les nostalgies, les mélancolies. Apprendre à rester neutre.